Islamophobie (Éditorial de la Presse)

Voici un édito dans lequel Mario Roy simule la nuance pour justifier l’islamophobie. Le pauvre, il a du mal à gober que même les médias de droite L’Humanité, Le Figaro et Le Time reconnaissent maintenant ce fait indéniable.
Or, Monsieur préfère la facilité: blâmer la victime et excuser ses bourreaux !

CQCI


ISLAMOPHOBIE

Par Mario Roy

Il y a une «poussée des islamophobes aux Pays-Bas», constate L’Humanité. Il règne un «climat islamophobe en France», regrette Le Figaro. Est déclarée en Suisse une «victoire de l’islamophobie», selon Le Monde diplomatique. Cela est dû au «climat islamophobe en Europe», diagnostique RFI. Et le Time s’interroge: «L’Amérique est-elle islamophobe»?

Au total et pour faire court: doit-on déplorer une «islamophobie en hausse» dans la totalité de l’Occident, comme on l’a déjà soutenu à l’ONU?…

On se trouve ici en plein fantasme autoflagellatoire, feignant de croire que l’islamophobie apparaît par génération spontanée dans un Occident congénitalement bigot. C’est de la bouillie pour les chats. Au contraire, face à certains aspects troublants de l’islam et même aux gestes meurtriers perpétrés en son nom, l’Occident a souvent démontré un angélisme béat.

Ainsi, hier, la réaction spontanée à l’arrestation en Ontario de présumés terroristes islamistes en était une de déni (ça ne peut pas être vrai!) et de méfiance vis-à-vis les autorités (c’est une opération de relations publiques destinée à plaire aux Américains!).

Absurde, évidemment.

Cependant, il y a bel et bien malaise.

En Europe, aucune nation n’y échappe. Le cas des Néerlandais, symboles vivants de la tolérance maintenant accusés d’intolérance, est emblématique. (voir à ce sujet le Blogue de l’édito, sur Cyberpresse.)

En Amérique, la friction est née d’un projet de lieu de culte, la mosquée de Ground Zero.

C’est a priori étonnant, car les États-Unis constituent le pays au monde où la liberté religieuse est la plus vénérée. Au lendemain du 11 septembre 2001, George W. Bush lui-même s’est précipité dans une mosquée. Dans les mois qui ont suivi, les Américains ont placé le Coran dans la liste des best-sellers. En 2008, Barack Obama a implicitement rabroué la France au sujet du voile islamique. Aujourd’hui, le nombre de mosquées par citoyen musulman est aux États-Unis deux fois plus élevé qu’en France et quatre fois plus qu’au Canada: une par 1315, 2620 et 5050 âmes respectivement.

Sachant cela, on comprendra que si Park51, le centre confessionnel projeté par l’imam Feisal Abdul Rauf, dérange autant, il y a à cela une raison lourde, probante, que chacun est en mesure de comprendre et devrait respecter.

Les Américains ne doivent pas interdire la construction et l’exploitation de ce centre – ils ne le feront d’ailleurs pas. Si la décision de bloquer le projet doit être prise, et elle doit l’être, c’est à l’imam lui-même qu’elle incombe. Son but, n’est-ce pas, était de rapprocher les communautés de croyants? S’il est lucide, et il l’est sûrement, il constate maintenant que c’est raté et que l’affaire est irrécupérable.

Pas plus que qui que ce soit d’autre en Occident, l’imam Abdul Rauf n’a avantage à sombrer dans l’angélisme béat.