Par Stéphane Gendron
Bienvenue au Québec islamophobe, celui des commentateurs qui finiront par vous faire croire que l’immigration, c’est dangereux, et que l’Islam est sur le point d’étendre la Charia de façon subtile à travers nos lois. Ici, ce n’est plus une affaire d’intelligence ou d’éducation. L’islamophobie est à la mode. C’est chic d’être antiarabe. On joue ad nauseam la corde de l’insécurité.
Il y a ce commentateur qui déclarait l’autre jour qu’Amir Khadir n’était que la pointe de l’islamisation du Québec. Un gars pauvre intellectuellement, mais qui hurle ces critiques un peu partout dans les réseaux avides de sensations.
Il y a aussi cet autre personnage qui nous parle régulièrement de cas anecdotiques puisés dans l’actualité internationale pour nous démontrer l’extrémisme de tel imam ou d’une telle mosquée.
Puis, il y a les partisans de Marine Le Pen qui se regroupent autour de symboles édifiants comme André Drouin de Hérouxville, et qui finissent par ériger en vérité quelques préjugés dont cette histoire de mosquées parisiennes où l’on prie dans les rues le vendredi.
Un triste exemple d’un débat où l’on évacue la question du manque des locaux pour la prière. Un problème que l’on aime voir se perpétuer pour ensuite engranger du capital politique plus facilement.
Il y a aussi le nouveau phénomène des réseaux sociaux où, dorénavant, on peut d’un seul clic exprimer son préjugé du jour à l’endroit des Arabes et de l’Islam. Surtout cette cause magnifique qu’est la condition de la femme «chez les barbus sauvages».
Oui, il paraîtrait que les Arabes sont des batteurs de femmes, les forçant à se couvrir et à endurer quotidiennement des sévices épouvantables.
On oublie pourtant nos bons Québécois de souche qui remplissent les tribunaux du Québec et les pages des faits divers régulièrement pour avoir menacé leur conjointe, avoir battu leurs enfants ou même d’avoir tué Ginette parce qu’elle avait quitté la résidence familiale en quête d’une vie meilleure.
Ah, mais cela, c’est le crime teinté de la majorité blanche et chrétienne du Québec. Il ne faut pas en parler.
Et il y a aussi cet imam qui viendra s’installer dans sa mosquée. Est-il un agent d’islamisation à surveiller comme celui à Londres qui prêchait la violence ?
Oui, vite, engageons des agents infiltrateurs. Après tout, un imam peut vous détruire une communauté en deux temps trois mouvements. Le commentateur démagogique vous le dira : méfiez-vous des longues barbes et des teints basanés.
Après tout, c’est connu qu’au Québec des racistes, on a la mémoire sélective.
On ne se souvient plus de ces curés qui ont détruit des vies entières au sein de paroisses à abuser sexuellement de façon régulière de jeunes filles et garçons. Ou à soumettre intellectuellement tout un peuple en l’empêchant de se développer sur les plans social et financier.
Non, ces épisodes de notre histoire chrétienne, il ne faut plus en tenir compte et faire soudainement l’éloge de notre passé religieux comme étant une gloire de notre Nation.
Car nous savons tous que l’émigré quitte son pays d’origine non pas par soif de liberté ou pour améliorer l’avenir de ses enfants.
Non, il se déracine tout simplement pour venir islamiser les Infidèles du Québec. C’est évident puisque certains commentateurs nous l’ont dit dans le journal. Je l’ai même entendu à la télévision. Maudit que c’est bon, manger de l’arabe !