« …j’avoue que la couleur de la peau et l’emploi du temps déjà chargé du ministre Benoit Charette ne sont pas les choses qui m’ont fait le plus sursauter. Je ne doute pas que Benoit Charette ait à cœur la lutte contre le racisme et que son expérience personnelle, comme père d’enfants métissés, l’ait sensibilisé à ces enjeux. Je veux bien laisser la chance au coureur. La nomination d’un ministre responsable de la lutte contre le racisme est en soi une bonne nouvelle. Ce qui m’a laissée plus perplexe, ce sont les arguments du ministre pour expliquer son aversion au concept controversé de « racisme systémique » …. Que le ministre tout juste nommé par le premier ministre François Legault fasse sien le déni de son gouvernement au sujet du racisme systémique est dans l’ordre des choses. … Il n’en demeure pas moins qu’il y a là quelque chose d’absurde. Dire que la dimension systémique du racisme n’existe pas, car le système, grâce au travail méconnu de la CDPDJ, est contre le racisme, c’est comme dire que la violence systémique à l’égard des femmes n’existe pas, car le système l’interdit aussi …. Ce qui est particulièrement ironique, c’est que, pour appuyer son déni, le ministre Benoit Charette invoque l’existence même de la Commission des droits de la personne comme preuve que le « système » fait son travail… Cette même Commission dont une des raisons d’être, faut-il le rappeler, est quoi ? La lutte contre le racisme et la discrimination systémiques. En octobre dernier, au moment de faire le bilan de la dernière décennie, le constat de la Commission n’avait rien de réjouissant. La majorité des recommandations qu’elle avait émises pour lutter contre le profilage racial et la discrimination systémique en 2011 n’avaient toujours pas été mises en œuvre ou ne l’avaient été qu’en partie. D’où cet appel qu’elle lançait encore une fois au gouvernement : il est urgent d’adopter une politique québécoise de lutte contre le racisme et la discrimination systémiques. Faut-il comprendre que, selon le ministre responsable de la lutte contre le racisme, la Commission en appelle à lutter contre quelque chose qui n’existe pas ? Sachant que le meilleur des remèdes ne vaut pas grand-chose si l’on se trompe de diagnostic, je dirais plutôt ceci : tant que l’on ne reconnaîtra pas en haut lieu ce contre quoi il faut lutter, aussi bien intentionné que soit le docteur, des doutes subsisteront quant à l’efficacité du traitement. » Lien: https://www.lapresse.ca/actualites/2021-02-25/le-remede-contre-le-racisme.php